"Laguiller et Besancenot, bras dessus, bras dessous"...

Publié le par LCR 06 OUEST

 

Article de Rosalie Lucas dans Le Parisien du 17 juin.


L’une est en fin de carrière, l’autre a le vent en poupe. Oubliant ce qui les sépare, Arlette et Olivier étaient hier, le temps d’une visite de soutien aux grévistes de chez Philips, sur la même longue d’onde.


Deux révolutionnaires pour le prix d’un. Les salariés de l’usine Philips EGP à Dreux (Eure-et-Loir) ont eu droit hier à un commando de choc. Olivier Besancenot et Arlette Laguiller sont venus bras dessus, bras dessous pour les soutenir face à la direction qui, en mars dernier, a annoncé la suppression de 279 postes sur 540.


Avant de rejoindre les grévistes devant l’entreprise, les porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et de Lutte ouvrière (LO) se sont donné rendez-vous sur le parking d’un fast-food. Arlette Laguiller, 68 ans, materne le postier, 34 ans. « Tu as eu le temps de manger, Olivier ? » s’inquiète-t-elle. Devant l’usine qui fabrique des téléviseurs à écran plasma, les deux trotskistes sont accueillis en chanson par quelque 300 employés, essentiellement des femmes.


Entre Arlette Laguiller, 1,34 % à la dernière présidentielle, et Besancenot, 4,08 %, les manières diffèrent. Tous deux s’en prennent évidemment au patronat « qui se remplit les poches ». Mais si la retraitée du Crédit lyonnais lit son discours, le postier de Neuilly parle sans notes. La communication du parti de Besancenot donne également un coup de vieux à LO. Une militante de la LCR filme en effet la visite pour alimenter le site Internet de la Ligue. « Ah oui, je suis déjà allée voir ces vidéos, c’est bien », reconnaît Arlette Laguiller.


« C’est bien qu’ils soient là tous les deux, ça nous réchauffe le coeur »


Celle qui fut six fois candidate à la présidentielle affiche sa proximité avec celui qui l’a démodée : « On se retrouve toujours pour soutenir la lutte des travailleurs », assure-t-elle. Pas question pour autant d’approuver le nouveau parti anticapitaliste que veut bâtir Besancenot. « La LCR était un interlocuteur privilégié pour nous, mais aujourd’hui nous avons des inquiétudes sur ce que va devenir ce parti », souligne Laguiller. « La LCR a choisi une démarche, le Parti des travailleurs une autre (NDLR : le PT a disparu lors d’un congrès ce week-end pour donner naissance au Parti ouvrier indépendant) et LO en a encore une autre », sourit-elle. Lutte ouvrière n’a en effet aucunement l’intention de « changer de nom » et l’heure est plutôt à la recherche de la militante idéale pour remplacer celle qui fut sa porte-parole durant trente-quatre ans. Car Laguiller l’a d’ores et déjà annoncé : elle ne sera pas candidate en 2012.


En attendant, Arlette continue le combat et hier, au nombre d’autographes signés, elle a largement fait concurrence à Besancenot. C’est d’ailleurs elle qui a la plus grande fan, Murielle. « C’est quelqu’un qui dégage quelque chose », explique la gréviste, tout intimidée, avant de s’approcher. Une autre salariée, depuis trente ans chez Philips, refuse, elle, de distinguer les deux trotskistes : « C’est bien qu’ils soient là tous les deux, ça nous réchauffe le coeur », glisse-t-elle, émue. Après avoir passé plus d’une heure avec les employés, Besancenot et Laguiller les quittent sous les mercis. Murielle est aux anges, elle a pu faire la bise à Arlette. Les deux révolutionnaires reprennent, eux, la direction de Paris... dans deux voitures séparées.

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