Une autre Europe est possible...

Publié le par LCR 06 OUEST

Il y a quelques mois encore, Sarkozy se voyait en sauveur de l’Union européenne (UE). La présidence française devait être un véritable sacre, pour lui qui avait conçu le traité de Lisbonne, frère jumeau du traité constitutionnel européen rejeté par les Français et les Néerlandais en 2005. Sauf que la Constitution irlandaise obligeant le gouvernement de ce pays à le soumettre au vote, plus de 53% des électrices et des électeurs l’ont rejeté. Il est dès lors juridiquement caduc et doit être abandonné. Mais plutôt que de le reconnaître, les uns et les autres imaginent les moyens de contourner ce vote. Devant les parlementaires de l’UMP, Sarkozy a déclaré que « les Irlandais devront revoter ».


Si le rejet du traité de Lisbonne en Irlande constitue un incontestable coup dur pour l’UE, ce serait une fatale erreur de croire qu’il va s’opérer une pause, même relative, dans la mise en application de la politique antisociale de cette dernière. Et Sarkozy, au travers des priorités qu’il s’est fixé (défense, immigration, politique agricole, climat), veut même l’amplifier.


Face à cette politique de régression sociale, la résistance s’organise. Le Collectif pour une autre Europe s’est constitué avec pour but de construire un cadre permanent de débat, de proposition, mais aussi d’actions pour promouvoir une Europe solidaire et démocratique. Sa première initiative est la sortie d’un quatre-pages, que Rouge insère cette semaine en pages centrales. L’originalité de ce collectif est de regrouper des organisations syndicales (CGT-Finances, Confédération paysanne, FSU, Union fédérale des fédérations de fonctionnaires CGT), des associations (Attac, Copernic, les Marches européennes contre le chômage), ainsi que l’ensemble des forces politiques qui ont participé à la campagne du « non » de gauche contre le traité constitutionnel européen et contre son clone, le traité de Lisbonne. À l’exception notable du PCF, qui a préféré signer une déclaration sans contenu et sans aucun engagement à la mobilisation avec le Parti socialiste.


Ce collectif propose l’organisation d’un vaste rassemblement à Paris, le 6 décembre, à la veille du dernier sommet des chefs d’État de la présidence française, qui permette de faire converger l’ensemble des mobilisations et qui mette au centre des préoccupations les questions sociales totalement ignorées, et pour cause, dans les priorités de Sarkozy.


Dans les mois précédents, plusieurs rendez-vous sont, d’ores et déjà, fixés en fonction des initiatives de la présidence française. Le premier aura lieu à Annecy, les 20 et 21 septembre, à l’occasion d’une réunion des ministres de l’Agriculture sur le thème : « Une agriculture pour vivre : l’alimentation est un droit, changeons de cap, changeons la PAC. » Tables rondes, concert et manifestation permettront d’opposer, à une agriculture intensive, subventionnées au profit des gros exploitants, exportatrice et dévastatrice pour les petits paysans des pays du Sud, une agriculture qui garantit le droit à la souveraineté alimentaire – ce qui implique la remise en cause des règles d’échange des produits agricoles préconisées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) –, qui préserve les ressources naturelles et les équilibres écologiques, qui refuse les OGM.


Les 13 et 14 octobre seront le rendez-vous de celles et ceux qui rejettent la politique restrictive, sélective et répressive en matière d’immigration, sous le mot d’ordre « Des ponts, pas des murs », avec une manifestation européenne le samedi 14. La directive « retour », dite directive de la honte, donne le ton. Mais Sarkozy veut aller encore plus loin, avec son pacte européen sur l’immigration et le droit d’asile. Ce sera l’occasion de défendre la liberté de circulation, la régularisation de tous les sans-papiers, la fermeture immédiate des centres de rétention, l’égalité des droits politiques et sociaux, mais aussi de remettre en cause la politique menée par la Banque mondiale, le FMI, l’OMC, au profit des pays du Nord et au détriment de ceux du Sud. Enfin, une initiative, dont les contours restent à définir, est prévue les 29 et 30 novembre, sur les questions du climat, de l’énergie, de la justice sociale et environnementale.


Le tableau de l’opposition à la politique libérale de l’UE ne serait pas complet sans le Forum social européen (FSE), qui se tient du 17 au 21 septembre à Malmö en Suède. Le rendez-vous altermondialiste sera de nouveau un lieu de débats, d’échange d’expériences mais aussi, avec l’assemblée générale des mouvements sociaux, l’occasion d’initier des actions, des mobilisations et des campagnes contre la mondialisation capitaliste. Outre les thèmes déjà évoqués, la politique européenne de sécurité et de défense commune, ayant comme paramètres des budgets militaires à la hausse, une industrie d’armement commune, des interventions militaires dans le monde, un rapprochement avec l’Otan, met à l’ordre du jour la construction d’un mouvement antiguerre. Un mouvement qui défende le retrait de l’Otan, la fermeture des bases américaines en Europe, le retrait des troupes stationnées hors de l’UE, le refus de toute nouvelle intervention militaire, notamment en l’Iran. Toutes ces initiatives seront autant d’occasions de montrer qu’une autre Europe est possible.

 
Léonce Aguirre

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