« Les gens ont l’espoir en panne »...

Publié le par LCR 06 OUEST


 

Article publié dans Libération du mardi 26 août, par Gaël Cogné.


La LCR organise, dans l’Aude,
sa dernière université d’été avant la naissance du NPA.

 

Envoyé spécial à Port-Leucate (Aude)


A Port-Leucate (Aude), au village vacances des Carrats, qui donne sur les bords de la Méditerranée, la mayonnaise du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) monte. Sous les figuiers agités par la brise de terre, il ne reste plus une place sur les chaises pour écouter une conférence sur les syndicats. Le village, qui peut accueillir 900 personnes, affiche complet. C’est la file d’attente à l’accueil pour trouver sa chambre ou régler la note. « Il n’y a jamais eu une université d’été de la LCR avec autant de monde. 1 300 personnes environ sont présentes. On a dû en refuser 200 à 300 », s’enthousiasme Michel Bidaux, l’attaché de presse de la LCR. « Tatoués ». C’est la dernière université d’été de la Ligue avant qu’elle ne se dissolve dans le NPA. « Sans nostalgie, estime Jacques, 62 ans, une superbe moustache, ancien militant de la LCR. Le trotskisme n’est plus d’actualité. Il l’était face au stalinisme. Aujourd’hui, il faut inventer avec les jeunes. » Sur les 1 300 présents, 40 % militent au sein des comités NPA, sans être à la LCR. Beaucoup sont jeunes. « J’ai l’impression de ne pas être un vieux con. Je vois des jeunes, des tatoués, des basanés. Ça nous manquait. Plus il y en aura et mieux cela sera », reprend Jacques. Gaston, 17 ans, en terminale économique et sociale, digère sur la terrasse en bouquinant. Il est venu avec des copains du comité de Blois. Ses parents, « sociaux démocrates », ne comprennent pas forcément son engagement quand son discours « se radicalise » à table. Il aime l’histoire et suit les ateliers sur « le stalinisme » et « le PC ». Sans qu’on le lui demande, il tient à dire que cette université est « un succès, dommage qu’on ait dû refuser des gens ». Il y croit dur comme fer.


Ces nouveaux militants qui parlent d’un nouvel « espoir » sont étudiants, profs, éducateurs ou ouvriers agricoles. Presque tous évoquent leur « indignation » et leur sentiment d’une « urgence ». « La situation est dramatique. On veut la fin du système pourri qu’on a et vivre dans un monde meilleur », assure, tout simplement, Christine, 58 ans, prof d’EPS en Haute-Loire.


« Convergence ».
Beaucoup militent ou ont milité dans des associations, des syndicats ou au sein d’autres partis. Nouria, éducatrice spécialisée de 28 ans à Nanterre (Hauts-de-Seine) mais habitant Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), affirme que « les idées de ce nouveau parti interpellent ». « Besancenot, on en parle de plus en plus. Les gens ont l’espoir en panne. Il ne faudrait pas gâcher tout ça. » Elle-même reconnaît qu’elle ne s’intéressait pas forcément à la politique. Elle est venue au NPA en militant pour le droit au logement. Gérard, 56 ans, qui travaille dans une coopérative agricole, apprécie cette « convergence des luttes ». Ancien suppléant d’une élue PCF, ex-soutien de José Bové, militant PS déçu, syndicaliste et proche d’Attac, il espère « ne pas se gourer » cette fois-ci. Il ne craint pas vraiment que la LCR noyaute le nouveau parti. De toute façon, « on sait lire les textes », remarque-t-il, impatient de voir ce que le congrès de fondation du parti - prévu pour janvier 2009 - donnera.


A les écouter, aucune ombre au tableau de Port-Leucate. Ils sentent un « frémissement » et ne masquent pas leur enthousiasme. « Il y a un renouvellement des partis politiques. Je vois un processus de rassemblement de groupes d’extrême gauche. Face à une droite de plus en plus agressive et unie, il faut qu’on arrive à riposter, au-delà de nos divergences, analyse Robin, 22 ans, étudiant en sciences politiques à Toulouse. C’est très enrichissant, sur le plan de la structuration politique, de voir des gens qui ont déjà créé un parti en recommencer un nouveau. Tout mettre à plat. Il y a des débats et on s’aperçoit que nos divergences ne sont pas forcément des contradictions. »

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