Vie nationale de la LCR (2)...

Publié le par LCR 06 OUEST

Texte soumis au vote de la DN des 6 et 7 septembre

 


 A cinq mois du congrès, état des lieux.


Adoptée par la DN (Pour : 67, Contre : 11)


A une très large majorité, l’organisation s’est prononcée, lors de son dernier congrès, pour lancer le processus de construction d’un nouveau parti anticapitaliste. Huit mois plus tard, il convient de tirer un premier bilan de l’action accomplie et de préparer la phase suivante, celle de la fondation du parti proprement dit qui implique la dissolution de notre organisation la LCR. La DN des 6 et 7 septembre ouvre donc le débat de ce qui devrait être le dernier congrès de la LCR. Un congrès évidemment historique à notre échelle, car la LCR depuis quarante ans s’est construite comme un instrument et non comme une fin en soi : elle s’était fixée comme objectif de construire un parti plus large, pour une transformation révolutionnaire de la société, pour le socialisme.


1/ Une première phase s’achève. Elle nous a conduit aux succès de la réunion nationale des 28 et 29 juin et de l’université d’été. Plus de trois cents comités, près de 10 000 militants et militantes engagés, une volonté de réussir et de construire qui a permis d’adopter une déclaration et de mettre en place un comité d’animation national ; tous ces éléments traduisent la vitalité du processus en cours. Une vitalité confirmée par l’affluence de l’université d’été et la qualité de ses débats. Incontestablement, la dynamique en cours n’a rien de commun, en quantité comme en qualité, avec l’essor qu’avait connu la LCR après la présidentielle de 2002. C’est un processus totalement inédit dans l’histoire et dans les débats du mouvement révolutionnaire que nous avons à consolider et à réussir. Dans un scepticisme assez répandu, nous sommes parvenus à exprimer les besoins et aspirations de nombreux militants, travailleurs, jeunes, à aider à construire un « processus par en bas », à faire en sorte que des milliers de militants prennent l’affaire en main. L’impact de notre initiative a d’ores et déjà provoqué des décantations. Il paraît difficile d’anticiper d’éventuels courants nationaux, mais des logiques, des sensibilités traversent le NPA et rend le processus pluriel : présence active de militants venant de LO, d’anciens du PCF (plus nombreux qu’il n’y paraît), voire du PS, d’alter mondialistes et d’antilibéraux, de militant-es des CUALs, d’écologistes radicaux, de syndicalistes… L’influence de notre initiative devrait se confirmer car elle répond à des besoins d’importance inégale, conséquence d’une crise de la gauche et du mouvement ouvrier qui s’approfondit :


La crise du PS et ses divisions


- Une atonie du PCF qui prépare des alliances d’union de la gauche, aux régionales de 2010 et à l’échéance de 2012, voire dès les européennes de 2009,


* La défaillance des directions syndicales


* La décision de la direction de LO de se protéger de la dynamique du NPA en excluant sa minorité


* Le choix de Bové de rallier Cohn-Bendit et le social-libéralisme qui devrait avoir des effets sur les comités antilibéraux


* Le choix de militant-es altermondialistes ou du mouvement social de s’engager à nos côtés, qui peut lever certaines inhibitions…


Encourager, des militants, des sympathisants du PS ou du PC, voire des équipes militantes de ce dernier, des équipes syndicales, à rejoindre le processus engagé, c’est dès maintenant formuler et commencer à mettre en œuvre une politique qui réponde aux besoins des mobilisations et des luttes, de l’unité nécessaire en toute indépendance de la politique du « dialogue social ».


2/ S’il est un peu tôt pour dresser un tableau d’ensemble, les premières indications dessinent l’image d’un parti plus populaire, plus ancré dans le monde du travail, plus jeune (mais ni plus ni moins féminisé que la LCR), et sans doute plus divers sur l’origine de ses militants. Mais ces progrès ne doivent pas nous tromper : la construction d’un parti implanté dans les entreprises et les quartiers populaires est une œuvre de longue haleine qui n’autorise aucun raccourci mais un travail opiniâtre. Ainsi l’animation des commissions ad hoc (entreprises et quartiers populaires) est déterminante.


Il est également à noter la prégnance des questions écologistes en termes de préoccupation, de place dans les débats. C’est une question décisive dans l’anticapitalisme du XXI° siècle qui doit être traitée non pas à part mais comme le féminisme, de manière transversale à travers l’ensemble des campagnes, des prises de positions, des expressions publiques. Enfin l’hétérogénéité du processus implique un mode de fonctionnement, une démocratie interne inclusive qui donne sa place à chacun et chacune. Cela signifie que loin de nous considérer comme une « fraction » du NPA tous les camarades s’engagent dans le processus, sans réserve. Se comporter, agir à égalité avec tous les membres du NPA ne signifient nullement s’effacer mais bien au contraire prendre toutes nos responsabilités pour associer, encourager le débat, mettre en discussion nos propres réponses sans avoir par avance un point de vue « LCR ».


3/ Le succès du processus renforce notre projet et notre conviction que la clarté politique est un atout pour de la démocratie. Il est un encouragement. Nous voulons un parti de luttes, de mobilisations sociales et politiques, d’unité dans l’action. Un parti qui ne situe pas ses objectifs dans le calendrier électoral, mais qui milite pour un mouvement d’ensemble, pour contrecarrer la globalisation capitaliste et la politique de Sarkozy.


Nous voulons construire un parti pour la rupture avec le capitalisme, pour renverser ce système exploiteur et oppressif, pour le socialisme. Ce qui implique une rupture avec l’Etat capitaliste et ses institutions.


Anticapitalistes, nous militons pour le socialisme du XXI ° siècle qui réconcilie la démocratie, l’appropriation sociale, le changement de régime de propriété, le combat pour toutes les émancipations et contre toutes les discriminations


Notre action s’inscrit dès la fondation dans une perspective internationaliste non seulement sur le terrain de la solidarité mais également de la reconstruction d’une perspective anticapitaliste internationale.


La nouvelle représentation politique du monde du travail que nous voulons construire reconnaît l’existence d’une ligne de clivage durable dans la gauche et le mouvement ouvrier qui interdit toute perspective d’alliance parlementaire et gouvernementale avec la social-démocratie


C’est sur la base de ce socle que nous engageons la discussion dans le cadre du NPA avec celles et ceux qui veulent comme nous construire une alternative anticapitaliste. C’est également pour nous, la base à partir de la déclaration de juin, du programme à adopter ensemble


4/ Le développement de la crise financière et du crédit qui aboutit à une récession qui est en voie de globalisation, les tensions internationales qui parallèlement s’exacerbent, le recul social soulignent l’urgence de regrouper et d’unir les forces qui restent fidèles à la défense des travailleurs, des exploités, des opprimés.


a) Les différentes facettes de la crise du capitalisme globalisé éclatent au grand jour :


* Une récession en cours de généralisation


* Des vagues spéculatives insupportables pour les populations concernant l’alimentation et l’énergie


- Une crise écologique mondiale


- L’état de guerre croissant


- la crise (et l’impuissance vis-à-vis des USA) de l’Union européenne


- La détérioration des conditions de vie


Ces éléments qui font la trame de l’actualité économique et sociale bouleversent les conditions d’existence de la majorité de la population. Ils signent l’échec du pilotage libéral par les institutions comme l’OMC et la fin de la fable du mariage éternel entre la démocratie et l’économie de marché… Ils contribuent à l’émergence d’une conscience anticapitaliste de masse. Ils sont de longue durée et, en retour, tracent les grandes lignes de ce que seront les tâches du nouveau parti.


b) Le pouvoir affronte une situation délicate. Les réformes du gouvernement passent faute d’oppositions coordonnées et dans une impopularité croissante. Le contexte économique et la guerre en Afghanistan compliquent les affaires dans une situation de déclin économique de la France.


c) La gauche est dans un état de crise qui frise la défaillance généralisée.


- Le PS est paralysé par des divisions qui ne sont pas seulement le produit d’ambitions contradictoires. Ses fondamentaux basés sur une logique d’accompagnement du capitalisme libéral lui interdisent des capacités d’action et d’opposition contre le pouvoir. Son électorat est divisé sur les choix d’alliances : avec Bayrou, ou avec les alliés traditionnels ou avec le NPA !


- Dans cette situation, les alliés traditionnels du PS, et dépendants de lui, sont en difficulté : paralysie du PCF et alignement sur le PS ; Verts se raccrochant à Cohn-Bendit acceptant une alliance avec le Modem


- Parmi les antilibéraux, l’initiative de Bové opère une nouvelle clarification.


- Côté LO, l’initiative de la direction accélère certainement les processus en cours.


Cette situation, qui illustre la crise globale du mouvement ouvrier et qui confirme l’échec des stratégies de recomposition, nous donne des responsabilités accrues. Ce qui pose le problème de gérer un décalage entre nos forces réelles et les nécessités de la période. Ou, à un autre niveau l’écart entre notre popularité, l’impact de notre initiative, la dynamique réelle enclenchée et nos propres forces comme celles qui se sont engagées dans le processus. La lucidité nécessaire, la volonté de ne pas décevoir et de ne pas cultiver des illusions sur ce qu’il est possible de faire, ne doivent en rien freiner les initiatives. Si, pour l’heure, la question du pouvoir n’est pas posée, en revanche la possibilité de construire un parti large susceptible de commencer à inverser et à terme de modifier en profondeur les rapports de force est notre perspective. Les expériences, les forces militantes du mouvement ouvrier constituent une riche énergie capable de prendre en main cette tâche de l’heure.


5/ L’écho rencontré par la perspective de construction d’une nouvelle force politique répond à l’impasse du système lui-même, aux pertes d’illusion dans les possibilités de la gauche d’offrir une perspective au mécontentement, aux aspirations populaires dans une situation de dégradation de la politique mondiale, européenne et française :


- Trente ans d’attaques libérales ont fait subir des reculs au monde du travail, aux mouvements de libération et ont restructuré en profondeur le prolétariat. En particulier par l’émergence d’un marché mondial du travail accentuant divisions et concurrence…


- La reconstruction d’une perspective d’une société alternative au capitalisme est nourrie par les contradictions du système. Mais le poids des expériences traumatiques du XX° siècle pèse encore lourdement.


- L’essentiel du vieux mouvement ouvrier syndical et politique s’adapte à la nouvelle donne capitaliste


- Les rapports de force qui existent en France sont souvent en décalage avec ceux qui existent dans d’autres pays, en particulier en Europe. Peu de forces radicales situent leur action dans un cadre de refus d’alliance avec les PS. L’échec de Refondation communiste est pourtant éclairant. Et l’évolution de Die Linke va dans le même sens.


Une telle situation peut entraîner une démoralisation, créer un terrain favorable à une pression des préjugés réactionnaires, à la montée du populisme. Et c’est bien là l’enjeu politique de fond de la bataille, contrecarrer l’offensive idéologique des classes dominantes, redonner confiance, saper la légitimité dont se prévalent la droite et le patronat pour mener une politique qui conduit à un recul social considérable.


6/ La dernière marche à franchir en vue du congrès de fondation est la plus dure à effectuer. Nous devons tenir les délais (un congrès en janvier). La crédibilité du projet nécessite l’émergence et la visibilité du nouveau parti. Et en même temps nous devons réussir un vrai congrès de fondation, pas une assemblée générale de comité au rabais. Il nous faut contribuer dans les structures du NPA à l’animation du débat qui commence par la rédaction des trois documents soumis au vote en janvier : un programme, une charte de fonctionnement, un document d’orientation politique, sans oublier le choix du nom. Fonder un nouveau parti ne signifie pas que toutes les questions devront être tranchées en janvier. Il faudra trouver un équilibre sur chaque question entre le socle nécessaire pour faire vivre ensemble une force collective et les capacités du regroupement à vraiment se saisir et s’approprier les questions politiques. Ni décalque de la LCR, ni autolimitation. En ce qui concerne le fonctionnement, le débat a un sens très fort. Un parti est certes un programme ; mais l’idée même d’un parti, de sa démocratie interne, de l’élection de sa direction, de la rotation de celle-ci, du degré de centralisation…font débat (parti, mouvement, coordination de comités, fédération… quel fédéralisme/centralisme) et nécessitent une discussion approfondie. Il est raisonnable de penser que la rédaction de statuts stables se fera au congrès suivant afin qu’un aller et retour puisse s’effectuer entre théorie et pratique. En même temps il est pour nous déterminant que le document fixe le cap d’une organisation centralisée sur ce qui doit l’être, c’est-à-dire pas sur tout mais sur l’essentiel des grandes orientations politiques ; militante mais non élitiste ; démocratique, et effectuant des choix clairs d’interventions. Faire vivre une démocratie active, militante, décentralisée respectant l’autonomie des comités pour définir leur politique et leur intervention dans le cadre d’une centralisation permettant de définir une politique pour les luttes sera un des chantiers essentiels du parti.


7/ La réussite du projet implique la dissolution de la LCR et de se fondre, de se dépasser, de se métamorphoser dans un nouveau parti. La veille du congrès du NPA est la bonne date. Les JCR doivent également se dissoudre dans cette période de transition. Le NPA a besoin de la LCR et de chacun de ses militants. De l’expérience accumulée, du capital programmatique et politique, des relations internationales nouées, de la richesse de ses productions, des savoir-faire et de la formation de ses militants et militantes, de son implication dans le mouvement social et notamment syndical. Il ne s’agit pas de donner le témoin au coureur suivant, ni d’un renouvellement générationnel, mais bien d’une nouvelle expérience nécessitant la présence de tous. La carte de membre du NPA va établir le nombre de celles et ceux qui s’engagent et qui pourront voter pour le congrès fondateur en janvier. C’est l’aboutissement du basculement, de l’adhésion individuelle, de l’insertion de nous tous dans les comités et commissions du NPA. Chaque structure de la LCR doit désormais réfléchir à son insertion et à la construction du NPA. De la CT au groupe de travail économique, des directions locales à la formation…


En particulier cela implique de prendre décisions concernant :


- Le système de presse


- Les finances et l’appareil


- La formation


- la relation à la IV°


- L’intégration des militants des JCR aux comités jeunes du NPA


Autant de questions qui doivent être discutées et tranchées entre maintenant et janvier.


L’ensemble de ces décisions ne pourront être le fait des seuls militants de la Ligue mais participent d’ores et déjà des discussions et décisions qui se prendront dans le cadre du NPA.

Publié dans divers

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