Pour une écologie anticapitaliste !

Publié le par LCR 06 OUEST


 

Le capitalisme, c’est la crise (article paru dans Rouge n° 2269).


Écologie et anticapitalisme, intrinsèquement liés, doivent être au centre du projet politique du NPA, tant théoriquement que pratiquement. 


Après avoir détruit une partie de notre environnement, la folle course au profit menace désormais les équilibres de la planète. Cette dernière traverse une crise écologique sans précèdent due aux conséquences désastreuses d’un système économique et énergétique fondé sur les énergies fossiles, le gaspillage, l’utilisation de technologies dangereuses et l’absence de principe de précaution. La pollution et la destruction engendrées par les activités humaines croissent et s’étendent au même rythme que le capitalisme.


Ces crises inédites ne peuvent aller qu’en s’amplifiant : les combattre, c’est remettre en cause le capitalisme. La période tourmentée, et durable, que traverse le cours du pétrole n’est qu’un nouvel exemple d’un système incapable de résoudre ses contradictions. Cette crise pétrolière a des conséquences sur le quotidien de chacun. On ne la résoudra pas par des demi-mesures, qui ne pourront qu’atténuer ces conséquences et ne feront que reculer de quelques années l’échéance d’une catastrophe d’ampleur. C’est dès maintenant qu’une alternative à la société pétrolière est indispensable.


Les partis politiques qui défendent ce système et qui, en même temps, prétendent protéger l’environnement sont au mieux inconséquents, au pire hypocrites. L’exercice de tartufferie, auquel s’est livré Nicolas Sarkozy lors du Grenelle de l’environnement, ne doit pas créer d’illusions quant au vernis vert de ce gouvernement : sitôt les micros des journalistes éteints, ce sont les industriels du pétrole, du nucléaire, de l’agrobusiness, les défenseurs du transport routier et des OGM qui ont repris le pouvoir pour qu’au final, tout continue comme avant. On ne peut pourtant pas lutter contre la prédation des sociétés humaines sur l’environnement si on ne se bat pas contre la prédation de quelques-uns sur tous les autres.


De son côté, la gauche traditionnelle, qui refuse de s’en prendre aux causes profondes des pollutions, n’est pas en capacité de mettre en œuvre un programme réellement écologiste. Quant à la direction des Verts, sa participation croissante aux rouages de la cogestion sociale-libérale lui fait accepter nombre de compromis, y compris en matière environnementale, l’empêchant d’être porteuse d’une écologie radicale.


Il y a pourtant urgence, comme le montrent les nombreuses luttes écologistes qui se mènent sur des terrains aussi variés que le nucléaire, les OGM en plein champ, la poursuite des projets autoroutiers, la défense du transport ferré, le maintien d’une agriculture paysanne, le droit à la santé en particulier pour les salariés des industries polluantes, la défense du climat, la préservation de la biodiversité, la défense de services publics respectueux de l’environnement… Mais celles-ci restent souvent locales et isolées. Il s’agit aujourd’hui de les développer et de travailler à leur convergence. Mais cela ne peut suffire. Un parti anticapitaliste digne de ce nom, donc radicalement écologiste, doit convaincre qu’un autre monde est nécessaire et possible, qu’une société débarrassée de la marchandisation et respectueuse des équilibres naturels peut et doit advenir. Ce projet de société nécessite des bouleversements radicaux de nos modes de production, de transport, mais aussi de consommation et de comportement. Cela implique notamment une transformation profonde, démocratique, des appareils productif et énergétique.


Mais cela nécessite aussi d’articuler systématiquement dimension sociale et dimension écologiste. Non content de détruire la planète, le capitalisme rend les pauvres plus pauvres, mais aussi plus vulnérables aux dégradations environnementales. Inégalités sociales et inégalités écologiques se conjuguent de façon accrue, comme le démontrent encore les émeutes de la faim qui ont enflammé nombre de pays du Sud. L’écologie que nous défendons s’inscrit donc dans la perspective de mouvements pour la justice globale et elle ne peut se réduire à une défense frileuse de la nature considérée comme un corps extérieur au fonctionnement de nos sociétés. Elle doit saisir les mécanismes et identifier les premiers responsables de la dégradation de notre environnement. Nous ne sommes pas plus responsables de la crise écologique que nous ne sommes égaux face à elle.


Questions de santé, d’agriculture, de pollutions quotidiennes, risques de catastrophes climatiques ou nucléaires : tout concourt à faire de l’écologie un axe central d’une politique émancipatrice pour le xxie siècle. Avec tous ceux et toutes celles qui pensent que l’écologie ne peut se satisfaire de repeindre en vert le capitalisme, tous ceux et toutes celles qui veulent conjuguer au présent luttes sociales et luttes écologistes, nous voulons contribuer à une écologie anticapitaliste, aujourd’hui encore tâtonnante, mais qui se trouve confrontée à d’immenses défis qu’il s’agit, dès aujourd’hui, de relever.


Vincent Gay.


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