La LCR se dissout...

Publié le par LCR 06 OUEST

La LCR se dissout pour donner naissance à un parti plus large, le NPA

 

Article de Sylvia Zappi pour Le Monde du 4 février.


La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ne sera bientôt plus. Jeudi 5 février, ses militants vont voter leur autodissolution pour donner naissance au Nouveau Parti anticapitaliste. Quelque sept cents délégués sont attendus pour un congrès de quatre jours, du 5 au 8 février à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), pour lancer le nouveau parti d’Olivier Besancenot.


L’acte de décès ne se fera pas sans grincements ni critiques. Certains anciens de la LCR ne digèrent pas de disposer que de quatre heures de débats pour solder leurs comptes. Et pour ces vrais trotskistes, devoir assumer un programme réduit et une ligne jugée "trop floue", ça ne passe pas. "Nous commettons une grossière erreur en nous instituant "parti des luttes". Ce choix spontanéiste (dicté par le mouvement social) nous met à la merci des événements", écrit Gilles Suze, un ancien, dans une lettre adressée aux dirigeants de la LCR. "On a l’impression d’assister plus à un congrès de liquidation que de dépassement", râle Christian Picquet, de la minorité.


L’empressement est en effet palpable dans l’entourage de M. Besancenot. La cote de popularité du jeune porte-parole ne faiblit pas (60 % d’opinions positives dans le tableau de bord de Paris Match du 22 janvier). Tout comme son succès dans les manifestations : le dernier grand défilé du 29 janvier a vu se presser autour de lui les curieux et les fans. Il reste le "meilleur à gauche" aux yeux de ses proches et n’entend pas laisser cet espace - trop grand pour la LCR - vaquant, au moment où la crise économique semble lui donner raison.


Cette fois-ci, il s’agit de voir grand et large. Le NPA revendique 9 000 adhérents pour sa fondation, soit trois fois plus que la "Ligue". Dans les réunions, on ne s’appelle plus "camarades", le public a changé. On y retrouve bien une poignée d’anciens de Lutte ouvrière, des amis de Jean-Marc Rouillan, fondateur d’Action directe, quelques militants des comités Bové, des écologistes partisans de la décroissance ou des altermondialistes. Mais la plupart sont des novices en politique. "Leur base d’adhésion, c’est le ras-le-bol de Sarkozy et qu’ils reconnaissent Besancenot comme seule vraie personnalité de gauche", remarque Alain Krivine, un des fondateurs de la LCR.

Le NPA se veut donc un nouveau parti radical dont les deux identifiants sont "la rupture avec le capitalisme" et "l’indépendance totale vis-à-vis du PS". Avec une touche d’écologie, rebaptisée "écosocialisme". Finie la référence au trotskisme comme au communisme : le parti d’Olivier Besancenot ne sera plus affilié à la IVe internationale, fondée par Léon Trotski. Seuls les militants de la LCR resteront adhérents. "Nous avons pris la décision de faire le NPA par le bas, sans autre partenaire politique et nous avons réussi. Ce n’est pas une LCR bis", assure Pierre-François Grond, bras droit de M. Besancenot.


Le changement est visible : le profil militant a changé ; plus révolté et moins "intello". Mais le positionnement idéologique comme l’essentiel de la structure organisationnelle demeurent ceux de la LCR. La ligne d’auto-affirmation et de démarcation vis-à-vis du PS - "la vraie gauche, c’est nous", ne cesse de clamer M. Besancenot - rappelle en effet les débuts de la Ligue communiste qui, avec ses comités Rouge, pensait capter seule "l’esprit de Mai" 1968.


Quant aux nouvelles instances de direction, leur noyau est composé pour moitié de dirigeants de la Ligue. "Nous serons minoritaires", justifie M. Grond. "Avec un noyau structuré, ce sont les amis de Besancenot qui auront la main", tacle M. Picquet.


"La LCR est morte, vive le NPA !", vont scander les militants dimanche. Ses dirigeants ont maintenant quelques mois devant eux pour démontrer qu’ils sauront durer.

Publié dans nouveau parti

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